Politiser l’action des centres sociaux : la pédagogie sociale et l’éducation populaire politique.

Dans un contexte liberticide et violent ; pour faire face à la culture libérale qui prône la compétition, l’individualisme, la concurrence ; pour contrer le système capitalise qui fait du profit et de la priorité les sources de l’exclusion et des inégalités : l’éducation populaire doit être politique et radicale. Et nous, travailleuses et travailleurs sociaux et éducatifs, devons dénoncer, analyser, produire du savoir et nous mouiller pour ne pas plonger, pour ne pas nous noyer, nous perdre… C’est pourquoi, l’Association Solillers propose une conférence gesticulée pour parler d’éducation populaire, pour échanger sur l’animation socioculturelle aujourd’hui, pour (re)politiser l’action des centres sociaux.

C’est quoi une conférence gesticulée ?

C’est un spectacle politique militant qui questionne, analyse et dénonce les mécanismes d’un système qui opprime. Le gesticulant parle de situations précises et concrètes, d’un contexte professionnel, d’anecdotes, de souvenirs, de luttes, de joies, de douleurs, d’espoirs. Il dit comment il pense que le monde devrait être et comment y arriver. En assistant à la conférence, les gens vont apprendre des choses, vont reconnaitre ou se reconnaitre, ils vont rire, pleurer et se mettre en colère.

La conférence, en quelques mots.

Politiques publiques, institutions « traditionnelles », décentralisation… l’animation socioculturelle croule sous la gestion. Le temps libre n’est pas du temps libéré, le temps libre est à occuper et l’animateur doit occuper « les publics », l’animateur doit divertir. Il faut intégrer les plus pauvres, « porteurs de misère », pour éviter toutes formes de rébellion et d’émancipation. Le travail social et éducatif est devenu l’opérateur d’un État qui pacifie et qui interdit le conflit, la contestation, la confrontation, la controverse. Dans cette « histoire », le centre social est, au mieux, pacificateur ou réparateur… au pire collaborateur et au service (ou sous influence) des pouvoirs publics. Les rapports sociaux de domination sont niés et invisibilisés. Le modèle de l’économie s’est diffusé dans le champ du travail social et éducatif. Il est temps de prendre le chemin d’une éducation populaire politique. Cette conférence gesticulée montre les possibles en ne cachant rien des pratiques gestionnaires et capitalistes qui envahissent le quotidien des structures de l’animation de la vie sociale… mais il existe des pratiques à visée émancipatrice : à la rencontre de la pédagogie sociale.

Le gesticulant : Christophe

Fonctionnaire territorial pendant 20 ans, directeur de centre social pendant 10 ans… Aujourd’hui, Christophe souhaite aller à la rencontre de celles et ceux qui s’interrogent sur l’aberration de la misère et l’opulence. Dans son parcours, il refuse le fatalisme et ose l’espérance. Ce parcours s’inscrit dans une forme de résistance mais aussi dans une participation au jeu d’un libéralisme qui impose compétition, gestion, collaboration, transgression. Christophe fera des rencontres qui bouleverseront la manière d’exercer son métier : Pierre Bourdieu, Élise et Célestin Freinet, Paulo Freire ou encore Renaud sont quelques personnages qui s’invitent dans un récit marqué par l’amitié, l’amour, la colère et l’espérance…

Quelques mots du gesticulant :

« pourquoi cette conférence gesticulée, pourquoi l’accueillir chez vous et pourquoi m’accueillir ? »

J’ai créé une conférence gesticulée pour réfléchir ensemble à d’autres possibles. Je constate, depuis des années, que l’éducation populaire n’a plus court dans l’animation socioculturelle, que le travail social n’est que réparation et contrôle et que le travail éducatif se contente d’imposer une seule culture : celle du mérite et de la compétition. Les différentes politiques publiques poussent à produire du lien social autour d’une seule idée : l’insertion. Mais cette idée semble nier les rapports de domination. Les classes populaires sont opprimées. Les violences se multiplient autour de nous. Le fatalisme s’est installé dans nos pratiques. Nous répondons aux commandes. Nous nous adaptons. Partenariat, mixité, gouvernance, vivre ensemble sont autant de mots qui cachent ce qu’est devenu notre travail. Nous, travailleurs sociaux, animateurs, éducateurs sommes des opérateurs d’un État qui souhaite « domestiquer » les classes populaires, les plus pauvres, les précaires.
Alors, aujourd’hui, je voudrais pouvoir en parler avec vous, avec celles et ceux qui se demandent si le travail social et éducatif a encore un sens, s’il existe des alternatives, si nous pouvons reprendre la souveraineté sur notre travail, si nous pouvons encore penser transformation et agir.
Je propose cette conférence pour un moment, chez vous, dans votre structure, un moment d’éducation populaire politique à partager. Je vous propose un petit voyage d’une heure et demie à travers la démocratie, l’engagement citoyen, le travail social, l’éducation, l’animation socioculturelle, les centres sociaux, la décentralisation, la pacification, les politiques publiques, le capitalisme, la pédagogie sociale, l’éducation populaire…

Christophe Pruvot.