L’espace de vie sociale l’oasis 2 vies est une aventure humaine. C’est une fourmilière où tout le monde travaille, produit, crée et imagine… Entre convivialité, fête, gratuité, don, amitié, entraide, partage, confiance… Notre cap, c’est vivre ensemble, vouloir une vie juste et bonne, s’affranchir des murs, agir ensemble, créer de nouveaux espaces démocratiques, apporter du réconfort et du soin… Notre cap c’est la fraternité. Nous pensons que nous pouvons prendre le chemin de l’émancipation, de la socialisation, de l’éducation, de la transmission, de la transformation : un monde plus humain, plus solidaire, plus fraternel.
« L’Oasis 2 Vies : un îlot de résistance et d’humanité »
Situer, ici et maintenant, le projet d’animation de vie sociale de l’Oasis 2 Vies sans lier son histoire à celles de l’association Solillers et du centre social La Maison Pour Tous, ce serait oublier que l’Oasis 2 Vies est né de la force et de l’engagement de collectifs d’habitants, de bénévoles et de salariés. Ces collectifs se sont construits « chemin faisant » parce que le centre social La Maison Pour Tous a permis l’initiative, l’émancipation, la réflexion et l’action.
Depuis 2009, une association d’habitants prend une importance dans la conduite du projet social et du quartier centre-ville de Lillers. Cette association, ces habitants, ces bénévoles souhaitent s’engager dans l’animation du quartier et, de plus en plus, dans les instances de pilotage et de gouvernance du centre social (alors en gestion municipale). En 2017, l’association prend sa part dans la gestion même du centre social. L’association est reconnue par les pouvoirs publics, les institutions et les partenaires. Les habitants sont au cœur des réflexions et apportent des réponses concrètes. Les habitants sont acteurs et auteurs : ils pensent, agissent, réfléchissent, décident…
La précarité grandissante, une proximité des institutions de plus en plus discutée et mise à mal, des manques repérés au sein du quartier prioritaire, des accompagnements et formations en pédagogie sociale… sont autant de raisons qui poussent un collectif de bénévoles à vouloir décider des réponses à apporter sans attendre les autorisations à agir… L’idée qu’un espace de travail et de solidarité des habitants pour les habitants commence à faire son chemin. Pour agir, il faut des ressources et un accès à ces ressources.
Une piste innovante : parce que travailler un projet d’Espace de Vie Sociale à partir de la dynamique d’un centre social installé et impliqué sur la Ville de Lillers depuis plusieurs années donne, tout de suite, des habitudes d’animation de la vie sociale, parce qu’associer des structures, deux projets d’animation de la vie sociale est plus simple et plus facile lorsque ces structures ont du commun…
Une piste solide : parce que les moyens et les ressources ne sont pas à négliger et qu’un agrément EVS donne une base, un socle qui permet d’envisager l’avenir, qui permet de se projeter…
En 2019, le travail de préfiguration débute.
En 2020, le premier agrément EVS est donné par la CAF du Pas de Calais.
En 2021, l’agrément est renouvelé pour deux années.
En 2022, la démarche de renouvellement est enclenchée pour demander l’agrément de 4 ans sur la période 2023 – 2026.
De 2020 à 2022, nous avons pu voir la nécessité, l’importance et la cohérence de ce projet social au sein du quartier centre-ville. Les acteurs (habitants, bénévoles, salariés et partenaires) ne se sont pas trompés. Le projet Oasis 2 Vies s’est développé en lien, en complémentarité du projet du centre social.
L’Oasis 2 Vies est un espace de travail coopératif, un espace de fabrication et de réparation, un espace de solidarités directes et réactives.
Aujourd’hui, l’Oasis 2 Vies est un espace incontournable pour la vie du quartier.
C’est un projet autour de la fabrication, de la réparation, du réemploi, de la mobilité, de la solidarité, de la fraternité que nous souhaitons inscrire dans la durée… pour toujours améliorer le quotidien des habitants, pour toujours plus de justice sociale.
L’oasis 2 vies est une aventure humaine. C’est une fourmilière où tout le monde travaille, produit, crée et imagine…
Entre convivialité, fête, gratuité, don, amitié, entraide, partage, confiance… L’Oasis réinvente les relations de « bon voisinage »… L’oasis, c’est surtout beaucoup d’espoir.
Ici, rien n’est jamais figé, l’imprévu n’est jamais décevant… Tout est en mouvement… Et c’est ce qui fait que le monde est beau. Oui, celles et ceux qui font et bâtissent ce monde sont remplis de beautés et de forces. Les bénévoles sont nombreuses et nombreux… Elles et ils font la force de l’Oasis. Ils réfléchissent et décident. Les salariés, eux, ont un rôle de facilitateurs et de « mailleurs ». Ils accompagnent les habitants dans leurs initiatives sans prendre la place. Ils font avec… A l’Oasis, on travaille ensemble et on donne du temps et de l’amour. C’est cette implication des habitants et des salariés qui est belle et joyeuse. Tout y est simple et l’atmosphère si douce. Ici, ce n’est pas la fatalité qui règne mais l’espoir. Ici, ce n’est pas l’individualisme qui domine mais la communauté. Ici et maintenant, c’est croire que c’est possible. Ici et maintenant, c’est de la place pour le bonheur.
Notre cap, c’est vivre ensemble, vouloir une vie juste et bonne, s’affranchir des murs, agir ensemble, créer de nouveaux espaces démocratiques, apporter du réconfort et du soin… Notre cap c’est la fraternité. Nous pensons que chacun, à tout moment, peut faire autorité parce qu’il est capable, parce qu’il s’approprie, parce qu’il s’autorise, parce qu’il est compétent… Nous pensons que nous pouvons prendre le chemin de l’émancipation, de la socialisation, de l’éducation, de la transmission, de la transformation. L’Oasis 2 Vie permet cette vision du monde. Un monde plus humain, plus solidaire, plus fraternel. Un monde où chacun a une place importante et essentielle pour lui et les autres. Un monde où chacun a un rôle et est responsable. L’Oasis 2 Vie est une aventure humaine qui propose de résister à la cruauté.
Le projet OASIS propose une autre vision du monde. Un monde basé sur la confiance mutuelle, sur une démocratie directe et délibérative, sur un partage des pouvoirs, sur une hiérarchie et une organisation en relief où chacun devient référent et capitaine d’une action qu’il maitrise. L’être humain est sujet. Il est responsable de sa pensée et de sa connaissance. Il se construit et agit sur son environnement. Il crée du nouveau. Il transforme. L’homme est libre. L’homme pense et cherche à comprendre dans ses propres expériences et dans l’action. Ainsi, l’homme donne du sens à l’action. La pensée ou la réflexion critique permettent de ne pas se résigner. L’homme est actif. Ainsi, l’être humain produit ses règles, ses lois et ses modèles. C’est ainsi que nous donnons un sens à notre existence. Les contraires ne s’opposent pas mais sont appréhendés en complémentarité dans un milieu.
Nous proposons une rupture car nous ne souhaitons pas adapter le territoire mais nous comptons le transformer. Nous comptons proposer d’autres possibles. Nous parlons de proximité et nous abolissons la distance. Nous parlons de reconnaissance et d’amour. Nous parlons de fraternité pour construire un monde plus juste.
Pour le projet social 2023 – 2026, nous confirmons que les axes qui avait été identifiés lors du précédent projet, sont, toujours, pertinents. Nous les confirmons parce qu’ils restent ancrés dans la réalité du territoire et répondent aux enjeux de ce même territoire. Nous les abordons et les présentons de manières différentes, en modifiant et précisant leurs contenus. Nous apportons de nouvelles perspectives et les déclinons comme suit :
Les axes prioritaires du projet 2023 – 2026
Transformation sociale et travail coopératif
Transformer la vie quotidienne à partir du travail de coopération entre tous les acteurs du projet. Cette transformation et ce travail, nous les entendons au sens d’Élise et Célestin FREINET. La transformation est la visée, le travail est le moyen. La transformation, c’est tendre vers une vie plus juste en donnant accès aux ressources. Le travail, c’est la fabrication, la production, la réparation. C’est le travail des mains, la transmission, l’éducation, l’apprentissage. C’est reconnaître et mettre en avant toutes les qualifications et l’expertise collectives. C‘est autoriser et permettre la transformation et l’innovation. C’est donner la possibilité de sortir de la souffrance et de l’impuissance. C’est un travail concret dans la vie quotidienne. C’est travailler et produire collectivement. Permettre les échanges de savoirs. Permettre l’amélioration du quotidien. Faire tomber les freins à l’action. Apporter des réponses adaptées (et réactives) aux problèmes, défis et enjeux du territoire, être à l’écoute des habitants
Accompagnement, confiance et soin
L’accompagnement au quotidien. Travail en dehors des institutions. Faire confiance, se faire confiance et donner la confiance. Agir à partir d’interventions sociales innovantes par d’autres méthodes et approches. Agir concrètement sur les problèmes de précarité, d’exclusion, de solitude, d’isolement… Apporter d’autres repères et modèles. Travailler à partir de rituels.
Pour nous l’hospitalité, c’est être attentif au corps et à l’esprit et c’est relier le corps et l’esprit (Spinoza, 1993)). Nous nous intéressons à l’intime, à l’affect et aux émotions (Connac ; Demaugé-Bost, 2019). Le soin fait partie du travail social et éducatif, ce n’est pas un supplément d’âme (Marin et Worms, 2015).
Apporter une sécurité affective et personnelle, c’est accueillir les diversités et c’est accueillir en confiance. Créer la confiance dans les relations
Proximité et fraternité
Vivre ensemble et faire société. Créer des liens de solidarité en favoriser les rencontres, les échanges, les moments. Se connaître pour créer le monde dans lequel nous habitons. Produire de nouvelles relations. Faire la place à l’autre. Apporter des sécurités matérielles, sanitaires et affectives. Créer les conditions de l’émancipation. Lutter contre l’isolement et l’exclusion.
Nous sommes là pour les autres et c’est une préoccupation commune. Pour établir cette continuité, nous sommes un collectif qui promet d’être là quand l’institution propose la distance. Notre présence et notre proximité permettent une relation sincère. Créer du lien, favoriser les rencontres, renforcer les liens et les solidarités entre les habitants et les générations. Remettre la proximité et la disponibilité au cœur des pratiques. Rompre l’isolement.
Pédagogie sociale et philosophie de la précarité. Laurent Ott.
Inconditionnalité de l’accueil
Permettre l’accès, favoriser l’accueil… C’est oublier toutes les conditions qui forment les contraintes et les freins à l’accueil, à la rencontre, à l’accès… La gratuité comme un don, comme une possibilité de vivre autrement avec les autres. L’inconditionnalité comme un rempart aux différences, aux discriminations, aux préjugés… La notion d’accueil qui nous importe est celle qui renvoie à l’hospitalité et à la convivialité. Cet accueil se construit dans un climat serein et aimable (Korczak, 2013) où l’on se retrouve en sécurité et où l’on peut recevoir de l’attention du soin et du réconfort (Marin et Worms, 2015). L’accueil est porté par une équipe de professionnels et de bénévoles, par celles et ceux qui ont de l’estime pour autrui et qui ont de l’estime pour le travail qu’elles et ils entreprennent et réalisent tous les jours en proximité et dans la durée (Freire, 2013).
Pour nous l’inconditionnalité, c’est s’adapter à la vitesse de l’autre et c’est partager avec lui. Nous prenons la réalité sans la juger (Spinoza,1993).
Reconstruction et reconnaissance.
« Prendre le parti » d’Éros, de Philae et d’Agape. Opter pour la croissance des relations humaines pour la décroissance des dominations et des formes d’oppression. Choisir la croissance pour un accès aux ressources contre la croissance des profits. Se positionner contre les pillages environnementaux et pour un respect de la nature et de ses ressources (Edgar Morin). Travailler à une reconstruction et une reconnaissance affective, juridique et sociale (Axel Honneth). Travailler à partir des capitaux culturels, sociaux, économiques, symboliques… vers une conscientisation de ses « habitus » (Pierre Bourdieu) … vers une émancipation collective et individuelle (Paulo Freire). Permettre à chacun d’avoir une place, des responsabilités, renforcer le pouvoir d’agir des habitants et des collectifs d’habitants, permettre l’émancipation et l’appropriation. Donner les moyens d’agir aux habitants et aux collectifs. Accompagner les initiatives des habitants, permettre et favoriser le développement de projets